Texte à méditer :   L'imagination est l'oeil de l'âme.   Napoléon Bonaparte

Mauro Prosperi. Le marathonien des sables

Mauro Prosperi, ancien policier et pentathlète italien, est surtout connu pour sa disparition de 9 jours et sa survie dans le Sahara, alors qu'il participait au Marathon des Sables de 1994 au Maroc .

  

Participation au Marathon des Sables



Informé par un ami, passionné de course à pied, de participer ensemble au « Marathon des Sables* », Mauro Prosperi se met au défi. Il se prépare en courant quotidiennement 40 kilomètres par jour et en réduisant sa consommation d'eau dans le but d'acclimater son corps à la sensation de déshydratation.
Sa femme, bien qu'elle n'ait jamais empêché Prosperi de concourir, exprimait cependant ses inquiétudes, en raison de la nature extrême de l'événement.

*Cette course se déroule dans le Sud marocain en autosuffisance alimentaire (chaque concurrent porte dans son sac à dos son matériel, dont son sac de couchage, ainsi que sa nourriture pour une semaine, soit un sac à dos de 6,5 kg au minimum et de 15 kg au maximum, seule l'eau portée étant fournie) sur une distance, variable d'année en année, d'environ 240 km. L'itinéraire emprunte toutes sortes de terrains : dunes, plateaux caillouteux, pistes, oueds asséchés, palmeraies, petites montagnes, sur 6 étapes de 10 à 90 km, dont une étape marathon d'environ 42 km, une étape non-stop d'environ 90 km en partie de nuit et une étape finale, dite de solidarité, de quelque 10 km.


Perdu dans le désert



Nous sommes le 10 avril 1994. Partant de Foum Zguid, Prosperi (38 ans) démarre avec son ami Manzo et 85 autres coureurs l'ultramarathon, sa première épreuve dans le désert. Au cours des 3 premiers jours du marathon, Prosperi et Manzo ont parcouru 96 kilomètres.
Le 14 avril est la quatrième et la plus longue étape du marathon, s'étendant sur plus de 85 kilomètres de course de jour comme de nuit. En début d'après-midi, Mauro avait laissé Manzo derrière lui pour augmenter son rythme. Alors qu'il était passé à travers quatre points de contrôle et traversait une zone de dunes, une tempête de sables s'est soulevée obscurcissant sa vision. J'ai été carrément avalé par un mur jaune de sable. J'étais aveuglé, je ne pouvais plus respirer. Le sable fouettait mon visage. Par crainte d'être submergé par le sable s'il restait immobile, Prosperi a continué à courir déterminé à pouvoir voir le parcours du marathon. J'ai continué à courir, car je pensais pouvoir voir le sentier. J'étais en septième position et je ne voulais pas perdre ma place. Il faisait presque nuit avant que le vent ne s'apaise. C'est alors je me suis rendu compte que j'avais perdu le sentier. Selon lui, la tempête a duré 8 heures, obligeant l'aventurier à dormir sur les dunes. Une fois les premières lueurs du jour arrivées, l'Italien reprend la course, pensant retrouver le sentier. Quand j'ai réalisé que j'étais perdu, la première chose que j'ai faite était d'uriner dans ma bouteille d'eau de secours, parce que quand vous êtes bien hydraté, votre urine est plus claire et plus potable. Je me suis souvenu de mon grand-père me disait comment, pendant la guerre, lui et ses camarades avait dû boire leur urine lorsque l'eau manquait. Je l'ai fait par mesure de précaution, mais je n'étais pas désespéré. J'étais sûr que les organisateurs me trouveraient bientôt

Conformément au règlement de la course qui conseillait aux concurrents perdus de rester stationnaires et d'attendre les secours, il attendit l'aide. Ce n'est qu'au coucher du soleil qu'il perçu un hélicoptère volant à basse altitude. Pour tenter d'attirer l'attention du pilote, il lança une fusée éclairante dans les airs. De trop faible intensité sous le soleil du désert, le pilote ne la remarquera pas…


Survie dans le désert



Estimant que rester immobile sous le soleil l'exposerait à un coup de chaleur, Prosperi se remit à marcher. Bien que muni d'une boussole, quelle que soit la direction indiquée, il ne remarquait que du sable à l'horizon. Après des heures de marche, il arriva à un sanctuaire maraboutique musulman vacant. À sa grande déception le sanctuaire était inhabité et abandonné depuis longtemps. Je suis tombé sur un marabout, un sanctuaire musulman, où les bédouins s'arrêtent lorsqu'ils traversent le désert. J'espérais qu'il était habité, mais malheureusement il n'y avait personne.
Prosperi utilisa le sanctuaire comme abri les jours suivants, espérant toujours être retrouvé. Dans un premier temps, il se nourrit de ses rations alimentaires en les faisant cuire avec de l'urine fraîche sur son brûleur portable. Il tenta également de maintenir son hydratation en suçant des lingettes humides de son sac, en léchant la rosée des rochers pendant la matinée et en continuant à boire son urine. Ses réserves de nourriture épuisée, il se tourna vers des oeufs d'oiseaux, des insectes, des lézards et même des chauves-souris.
Le quatrième jour de la disparition un avion survole son emplacement. Il trace alors un signal de détresse SOS dans le sable et allume un feu avec son sac à dos, pour créer un signal de fumée. Mais une autre tempête de sable frappe et laisse Prosperi bloqué une nouvelle fois.

Découragé, n'ayant pas réussi à attirer de l'aide, Prosperi écrit un message d'adieu à sa famille avec un morceau de charbon de bois. À l'aide de son couteau de poche, il tente de mettre fin à ses jours en se coupant les veines des poignets. Avec la ferme intention de s'exsanguiner, il s'allonge dans le sanctuaire et attend une mort nocturne. J'étais très déprimé. J'étais convaincu que j'allais mourir et que ce serait une longue agonie, alors j'ai voulu accélérer le processus. Je pensais que si je mourais dans le désert, personne ne me retrouverait et que ma femme ne toucherait pas la pension de la police. En Italie, si quelqu'un disparaît, il faut attendre dix ans avant qu'il ne soit déclaré mort. Au moins, si je mourais dans ce sanctuaire musulman, on retrouverait mon corps et ma femme aurait un revenu. Juste avant son geste de désespoir, Prosperi avait fixé un petit drapeau italien au toit du sanctuaire, espérant que cela aiderait à la découverte de son corps.
Au matin, Prosperi s'est réveillé avec un saignement minime sur ses poignets. En raison de la faible profondeur des incisions qu'il avait faites et de son niveau élevé de déshydratation, le sang dans ses veines s'était coagulé au lieu de circuler librement, assurant ainsi sa survie. Et cette expérience l'a aidé à retrouver confiance et détermination à continuer.

Après avoir quitté le sanctuaire, Prosperi continua à marcher pendant des jours, ne voyageant que lorsque les températures étaient fraîches, tôt le matin et tard le soir. Se déplaçant continuellement en direction des montagnes qu'il remarquait au loin, Prosperi maintenait sa survie en pressant le liquide des racines des plantes.
Le huitième jour de sa disparition Prosperi arrive par hasard sur une oasis. En raison de son niveau élevé de déshydratation il est incapable d'avaler de l'eau, vomissant ses premières gorgées. Il est resté ainsi allongé pendant des heures, buvant périodiquement l'eau pendant le reste de la journée. Le lendemain après avoir rempli son récipient d'eau, il reprend sa marche. Et c'est ainsi que plus tard dans la journée, il identifie des signes de crottes de chèvre fraîches. En suivant la piste des déjection animales et des empreintes de pas humaines Prosperi aperçoit une enfant touareg qui s'occupait des chèvres. S'approchant en implorant son aide, la jeune fille effrayée s'est enfuie en hurlant. Elle m'a regardé en hurlant de terreur. Je l'ai suppliée d'arrêter, mais elle a disparu derrière une dune. Je dois être un spectacle hideux, ai-je pensé. J'ai sorti mon miroir de signalisation et l'ai tourné vers mon visage. J'étais consternée. J'étais un squelette. Mes yeux étaient enfoncés si profondément dans mon crâne que je ne pouvais pas les voir.


Sauvé du désert



La jeune fille revint avec une adulte, qui l'emmenèrent vers une tente berbère dans le camp touareg. Après avoir été soigné par un groupe de femmes qui lui servirent du thé à la menthe et une tasse de lait de chèvre, Prosperi se vit offrir de la nourriture, mais il ne parvint pas à la digérer. Il fut ensuite chargé sur un chameau pendant plusieurs heures par les hommes Touaregs du camp qui le conduisirent au village le plus proche. Là, Prosperi fut remis à une patrouille de la police militaire qui lui banda les yeux, le soupçonnant d'être un espion marocain. Une fois transporté dans une base militaire et interrogé, Prosperi fut identifié et emmené dans un hôpital de Tinduf.

Prosperi avait parcouru 291kilomètres hors du parcours du marathon, traversant la chaîne de montagnes du Jebel Bani et, sans le savoir, traversant également la frontière marocaine vers l'Algérie.


L'après
Les médecins ont rapporté une perte de poids de 15 kg pour Prosperi. 16 litres de liquides intraveineux ont été nécessaires pour compenser sa perte d'eau. Il a subi des dommages au foie ce qui a entravé sa digestion et l'a obligé à manger de la soupe et des aliments en purée pendant des mois. Les reins ont subi des dommages permanents. Prosperi a aussi souffert de crampes aux jambes pendant 1 an. Il lui a fallu, en fait, près de deux ans pour se rétablir.

Suite à sa disparition, le règlement de course du Marathon des Sables a été modifié pour assurer une sécurité accrue aux participants. Les coureurs sont désormais équipés de fusées de détresse plus lourdes et plus grandes, à utiliser en cas de désorientation.

Depuis, Prosperi est revenu au Marathon des Sables à 6 reprises, se classant notamment 13e en 2001. Je ressens une connexion avec ce lieu. J'aime cette clarté. Et voyez-vous, le Sahara m'a épargné la vie. Ces jours dans le désert ont été mes jour les plus heureux.

En mai 2020, Prosperi a publié son livre, écrit en italien, aux côtés de son ex-épouse et co-auteure Cinzia Pagliara, intitulé « Quei 10 Giorni Oltre la Vita (Ces 10 jours au-delà de la vie) »


Source : WIKIPEDIA The Free Encyclopedia


Date de création : 14.03.2025 » 14:55
Catégorie : - Destins hors normes
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