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Cet homme, un Écossais Gregor MacGregor, né en 1786 et issu d'une famille aristocrate désargentée, a réussi à attirer des investisseurs dans un pays fictif d’Amérique centrale, avec un stratagème drôlement bien pensé.
POYAIS… UN PAYS FICTIF
Rentrée à l'âge de 16 ans dans l'armée britannique Gregor MacGregor y a servi pendant une dizaine d'années lors des guerres d'indépendances hispano-américaines (1808-1833) avant de devenir mercenaire au Venezuela et dans les Provinces-Unies de Nouvelle-Grenade au sein de la légion britannique. C'est dans ce contexte, qu'en 1820, qu'il découvre la zone marécageuse et inhospitalière du Nicaragua connu sous le nom de « Mosquito Coast ». Et là, une idée commence à germer.
Il invente de toute pièce un pays imaginaire avec les attributs d'un pays souverain : un territoire, une population, une devise, un gouvernement. Il élabore des mécanismes bancaires et commerciaux. Il va même jusqu'à créer un blason et une monnaie.
Tirant alors un trait sur ces activités militaires, MacGregor s'autoproclame « cacique », chef indien en Amérique Centrale, d'un territoire fictif de 32 000 km2 situé dans la baie du Honduras. Il le baptise « Poyais ».
De retour en Grande-Bretagne en 1821, il part à la recherche d'investisseurs crédules. Il clame haut et fort avoir mis la main sur une île unique à l'économie florissante. Il vante une terre fertile, des forêts foisonnantes, des rivières poissonneuses, des mines d'argent et une main-d'oeuvre locale acceptant de travailler pour une maigre somme d'argent ou quelques vêtements. Il décrit la capitale, qu'il nomme St Joseph, comme une ville balnéaire avec des bâtiments à colonnades, un théâtre, des banques et même une cathédrale.
UNE ARNAQUE DE 200 000 LIVRES STERLING !
Dépeint comme un très bon négociateur, il ne lui faut pas longtemps pour que ses victimes mordent à l'hameçon. D’autant que le contexte de l'époque est favorable à l'histoire de Gregor MacGregor. Surfant sur la bulle spéculative d'une Amérique du Sud en pleine croissance, il retient facilement l'attention des investisseurs. En un claquement de doigts, Gregor MacGregor arrive à émettre des obligations et à vendre des terres à des centaines de Britanniques et d'Écossais, en leur promettant un retour sur investissement très rapide. Le montant de l'anarque… 200 000 livres sterling.
DURE RÉALITÉ
Nous sommes en 1822. Les colons embarquent sur trois navires en direction de Poyais. Mais à l'arrivée, les 250 voyageurs tombent de haut : le décor est bien loin de celui vanté par MacGregor. Certes, la terre est agréable à l'oeil mais à la place du port, des bâtiments à colonnades, des banques et de la cathédrale de la ville de St Joseph, les colons découvrent une terre à l'état sauvage et quelques huttes en bambou.
Il est impossible de cultiver quoique ce soit, le territoire est inhabitable. La nature y est particulièrement hostile, il y sévit une chaleur et une humidité extrêmes.
Ils seront d'ailleurs nombreux à ne pas survivre à cet environnement sauvage, au paludisme, à la famine et au climat. Moins de 50 d'entre eux réussir à rentrer en Angleterre et à raconter leur épopée malheureuse.
Mais l'escroc parvint à s'enfuir. Direction la France et plus particulièrement Paris où il réitère son stratagème. Là encore, l'homme convainc et empoche une nouvelle somme, l'équivalent de 300 000 livres. Mais les Français ont des doutes… et certains d'entre eux font part aux autorités de leur projet d'embarquer vers un pays dont le nom est inconnu. Une enquête s’ouvre alors.
INNOCENTÉ !
La supercherie est alors découverte. Gregor MacGregor se fait rattraper par la justice en décembre 1825. Mais l'homme s'en sort très bien. Il ne passera que 2 mois en prison. La raison ? Aucun survivant ne lui a reproché cette arnaque.
Acquitté, il repart à Londres où il tente de remettre une nouvelle fois son plan à exécution. Mais sans succès.
Sentant le vent tourner et après avoir dilapidé une partie de sa fortune, il retourne au Venezuela en 1839. Il y sera enterré en 1845 sans jamais avoir été reconnu coupable d'un seul crime !
S'inventer un pays c'est une chose, le vendre c'est oser mais s'en sortir c'est surréaliste !
Que faut-il en penser... à vous de juger !