Texte à méditer :   Le monde de la réalité a ses limites ; le monde de l'imagination est sans frontières.   Dr. Seuss

Aron Ralston. 127 heures prisonnier d'un rocher

Le 8 mai 2003, quand Aron Ralston est entré dans l'annexe du St Mary's Hospital de Grand Junction (Colorado, Etats-Unis) pour sa première conférence de presse, il avait encore les yeux un peu vagues des sédatifs pris au cours de cette dernière semaine en soins intensifs. Il a souri à la soixantaine de journalistes et aux caméras et, de sa main gauche, a pris une photo. Cet instant où il devenait, à 27 ans, un « personnage médiatique » était le tournant de son existence. J'avais vingt minutes pour me présenter sous mon meilleur jour, écrira-t-il. Surtout, il voulait immortaliser l'expression incrédule de tous ces visages fixant, ensemble, un même point : son avant-bras coupé !

  

L'accident



Nous sommes le 26 avril 2003. Aron Ralston, passionné de randonnées et d'alpinisme décide de partir seul pour explorer Blue John Canyon dans les canyons de l'Utah.
Arrivé surplace, Aaron emprunte un passage étroit et dans le but de descendre plus bas dans la crevasse, il s'appuie sur un rocher coincé entre les deux parois. Le rocher se déloge entraînant avec lui Aron. Aron chute dans le canon suivi par le rocher de plusieurs centaine de kilos qui coince et écrase sa main droite contre la paroi.
Pendant 6 jours et 5 nuits, Aron essaye toutes les options possibles pour se sortir du canyon. Soulever le rocher en utilisant ses cordes et ses mousquetons comme poulies, utiliser le canif pour faire sauter des petits fragments du rocher espérant ainsi le décoincer, tenter de couper son bras prisonnier. Après deux tentatives infructueuses, il se rend compte que sa lame émoussée ne lui permettra jamais de couper les os de son avant-bras. La déshydratation, l'hypothermie et l'infection le menacent et l'affaiblissent.
Après deux jours passés à l'intérieur du canon, Aron commence à souffrir d'hallucinations ce qui l'emmène ailleurs et lui laisse un peu de répit.
Le quatrième jour, persuadé qu'il ne s'en sortira pas, il grave son épitaphe au couteau sur le mur du canyon et, avec sa caméra, enregistre un message d'adieu destiné à sa famille et à ses proches.
Le cinquième jour, animé de cet instinct de survie, il se dit qu'à défaut de pouvoir trancher les os de son avant-bras au canif, il serait en mesure de les casser, puis de couper la peau, la chair et les tendons autour de la fracture. Animé d'un nouvel espoir, il procède aussitôt à l'amputation de l'avant-bras et parvient ainsi à se délivrer du rocher.
Ce n'est pas pour autant que son calvaire est terminé. Il doit encore sortir du canyon et trouver de l'aide. Son bras droit ramené en écharpe contre sa poitrine et le moignon sommairement emballé dans un sac plastique, il entreprend une pénible marche de 5 heures en plein soleil, précédée d'une descente en rappel d'une falaise de 25 mètres. À bout de force, perdant beaucoup de sang, Aron finit par rencontrer une famille de touristes néerlandais qui le prend en charge. Quelques dizaines de minutes plus tard, un hélicoptère emmène Aron à l'hôpital de Moab.

Les hommes du National Park Service se rendent à Blue John Canyon deux jours plus tard afin de récupérer les restes de l'avant-bras droit de Ralston. 13 hommes et un lourd équipement sont nécessaires pour faire pivoter l'énorme rocher et ainsi libérer le membre. Celui-ci est ensuite incinéré et les cendres rendues à Aron. 6 mois après son accident, il se rend à l'endroit précis de son aventure et y disperse les cendres de son avant-bras.


L'après accident



Après avoir récupéré et s'être adapté à un bras prothétique, Aron Ralston a repris le canyoning et l'alpinisme. En 2005, il réalise son projet, entamé en 1997 et repris après son amputation, de devenir la première personne à gravir les 54 « fourteeners* » du Colorado en hiver et en solitaire.
*fourteeners : Dans le jargon des alpinistes américains, le terme de fourteener s'applique aux sommets de plus de 14 000 pieds (4267 mètres) d'altitude.

Ralston dit avoir beaucoup changé depuis son accident, notamment en admettant dépendre des autres, même s'il apprécie toujours la solitude. Il est également beaucoup plus prudent en mettant son entourage au courant de ses « escapades sportives » et de leurs itinéraires.

En ce qui concerne ses nombreux enregistrements vidéo réalisés lors de son accident, un seul a été partagé avec le grand public. Il a décidé de garder les autres. Seuls ses parents et quelques autres personnes très sélectionnées ont vu l'ensemble des enregistrements.


Adaptatation littéraire et cinématographique
En septembre 2004, sort le récit autobiographique d'Aron Between a Rock and a Hard Place (Plus fort qu'un roc dans sa version française). Le livre est un succès mondial. Ralston en a vendu plusieurs millions d'exemplaires.
En 2010, ce même livre a été adapté dans le film 127 heures réalisé par Danny Boyle avec James Franco dans le rôle de Aron. Le film a également connu un grand succès et a même été nommé pour six Oscars en 2011.


Date de création : 01.08.2024 » 10:15
Catégorie : - Destins hors normes
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