Le vaudou
Le 2 septembre 1989, une rumeur agite les habitants d'une bourgade du sud Haïti : un «zombi » erre dans les ruelles du village. C'est un jeune de 17 ans. Il s'appelle Wilfred Doricent et il est mort 18 mois plus tôt... Ce jour là, il revient dans sa famille comme si de rien n'était. Sa famille l'interroge, mais il ne se souvient plus de rien : il est devenu un zombi, un mort-vivant. La malédiction vaudou a frappé.
En mars 1988, Wilfred tomba subitement malade et fut déclaré mort. Son corps se mit à enfler au point de devenir difforme et il dégageait une odeur si pestilentielle que son malheureux père, à qui l'on avait remis un certificat de décès du prendre des dispositions hâtives pour l'enterrement.
Mais en réalité, Wilfred n'était pas mort. A l'insu de son père, Wilfred avait été transformé en zombi, un « cadavre vivant ». Agissant pour le compte des ennemis de la famille dans une sombre affaire de terrain, un « boko » (prêtre vaudou exerçant la magie noire) avait invoqué l'esprit de vengeance ; il avait administré à Wilfred un « coup poudre », poison très violent qui avait instantanément plongé le jeune homme dans le coma. Peu de temps après, il avait été déclaré mort.
La nuit qui suivit les funérailles, le sorcier vaudou et ses hommes pénétrèrent secrètement dans le cimetière, ouvrirent la tombe de Wilfred et enlevèrent son corps. Puis le boko administra au jeune homme une sorte de contrepoison, une drogue concoctée à partir d'une plante hallucinogène que l'on appelle en Haïti « concombre zombi ». Tout en psalmodiant quelques formules incompréhensibles, il lui frappa le dos à plusieurs reprises et ramena Wilfred à un état voisin de la conscience. Wilfred venait d'être « zombifié » : il fut alors enchaîné et conduit dans une ferme perdue dans les montagnes. Au bout de 18 mois, nul ne sait comment, Wilfred réussit à échapper à ses ravisseurs et rejoignit son village natal.
La famille fut d'abord très étonnée et ravie de revoir Wilfred qu'elle avait cru bel et bien mort. Mais bientôt la joie succéda au dépit : en effet, le jeune homme n'était plus le même. D'humeur sombre et renfermée, il se mit à faire des fugues sans raison apparente. Le médecin qui l'examina conclut que son état résultait de graves lésions cérébrales provoquées par le manque d'oxygène lorsqu'il avait été enterré vivant.
Par la suite, Wilfred confia à un vieil ami qu'il avait été parfaitement conscient de tout ce qu'il lui été arrivé. Il avait assisté impuissant aux préparatifs des funérailles : malgré ses efforts, il était demeuré incapable de parler ou de bouger le moindre muscle. Le redoutable poisson du sorcier vaudou l'avait complètement paralysé. Il se rappelait les coups de marteau qui avait cloué son cercueil, les pleurs de la famille lorsqu'on l'avait déposé dans la tombe.
Analyse : Zombis : Les faits
Les zombis ne sont pas des créatures de fiction : il est établi qu'au cours des rites vaudou, on utilise des substances toxiques très puissantes afin de transformer des personnes en « morts-vivants ».
La tétrodotoxine, un poison 500 fois plus puissant que le cyanure et que l'on retrouve dans certaines espèces de poisson lune est l'élément actif du « coup poudre », le poison vaudou. Même en très petite quantité, la tétrodotoxine provoque une paralysie totale du corps. Une personne ayant absorbé ce poison pourrait parfaitement être considérée comme morte bien que son cerveau et les sens demeurent en éveil.
Après 10 à 12 heures, la paralysie régresse et on administre à la victime une seconde concoction vaudou, cette fois à base de « Datura Stramonium ». Cet hallucinogène puissant contient de l'atropine, un antidote puissant de tétrodotoxine. Souffrant des effets des poisons et parfois de lésions cérébrales dues au manque d'oxygène dans le cercueil, le sujet hagard et dépourvu de volonté est appelé un « mort-vivant ».
Que faut-il en penser... à vous de juger !