Illusions distordantes
Les illusions géométriques sont des illusions composées de formes géométriques qui entraînent des erreurs d'interprétation de dimension, courbure, direction, et autres paramètres géométriques. Ces illusions apparaissent dans le système visuel. Elles ne sont pas causées par une erreur de raisonnement puisque nous les voyons même si nous savons qu'elles ne représentent pas la réalité.
Les illusions distordantes sont, comme leur nom l'indique, caractérisées par la distorsion de largeur, de taille ou de courbures. Les yeux fonctionnent comme des caméras, mais l'image formée sur la rétine n'est pas retranscrite directement. La partie visuelle du cerveau, le « cortex visuel » est habitué à réceptionner ces images, puis à les modifier. Il accentue les angles, les contrastes, les contours, la couleur, et nous renvoie une vision en trois dimensions. Seulement, il se trouve qu'il veuille en faire trop, et rajoute des paramètres inutiles, lorsqu'il est confronté à certaines situations, comme par exemple les illusions d'optique.
De plus, le vécu influence en partie notre interprétation des illusions, car nous n'avons pas tous les mêmes images en mémoire. C'est pour cela que certaines personnes sont plus sensibles que d'autres à certaines illusions.
- MISE EN RELATION DES GRANDEURS
Ces illusions comprennent deux éléments :
- un élément qui provoque la déformation, nommé élément « Inducteur »
- un élément qui la subit, appelé élément « Test »
Dans ces illusions, on compare deux éléments identiques : les éléments test. A l'aide d'un élément tiers inducteur, l'un des éléments test subit une déformation et nous parait différent du premier. Lorsque l'on supprime les éléments inducteurs, l'illusion disparaît.
Dans les illusions de Titchener, nous voyons le rond central de gauche plus petit que celui de droite. En réalité ils font la même taille. En effet, pour notre oeil, ces ronds centraux sont associés aux éléments qui les entourent. Lorsque l'on observe un élément entouré d'éléments de taille supérieure, il parait alors plus petit que lorsqu'il est entouré d'éléments de taille inférieure à lui. En fait, un élément « test » (rond central) entouré d'éléments « inducteurs » (ronds extérieurs) plus petits paraîtra plus grand que ce même élément « test » (rond central) entouré d'éléments « inducteurs » (ronds extérieurs) plus grands. Ce phénomène est dû à un effet de contraste. Ce contraste apparaît quand la différence entre l'élément « test » et l'élément « inducteur » est grande.
Illusion de Titchener
Illusion de Titchener
Dans la figure de Müller-Lyer* ci-dessous, les pontes des flèches sont les éléments « Inducteurs » et les droites horizontales des flèches, les éléments « Tests ». Le segment de droite de dessus parait plus long que celui de dessous. Et pourtant, les segments sont de mesures identiques. Les pontes de flèche jouent un rôle capital. Ainsi en fonction de leurs orientations, elles modifient la perception de la longueur des segments de droite.
Illusion de Müller-Lyer
- VERTICALITÉ
La ligne verticale semble plus grande que la ligne horizontale et cependant les deux lignes sont de même longueur. C'est une erreur due au mouvement oculaire : les yeux bougent plus rapidement horizontalement que verticalement, la ligne horizontale est alors perçue plus petite que la ligne verticale.
- EFFETS D'ANGLES
Les illusions liées aux effets d'angles sont très nombreuses et sont assez spectaculaires. On peut expliquer ces illusions à partir de deux principes. Tout d'abord, le principe d'orthogonalité. Nous avons tendance à vouloir ramener les angles vers des angles droits. Et aussi, nous surestimons les angles aigus et sous-estimons les angles obtus.
Dans l'illusion de Zöllner, nous percevons ces droites comme étant sécantes, mais elles sont en réalité parallèles. Les petits segments présents sur les droites ont un angle soit obtus, soit aigu et puisque le cerveau tente de modifier les mesures des angles pour les ramener à 90° les droites subissent une déformation.
Illusion de Zöllner
Les illusions liées aux effets d'angles sont très nombreuses et sont assez spectaculaires. C'est le cas dans l'illusion de Hering, les lignes horizontales semblent incurvées, à cause des traits obliques qui forment le graphisme secondaire, alors qu'elles sont physiquement droites et parallèles.
Illusion de Hering
L'illusion dite du « mur du café » est une illusion d'optique qui fait apparaître comme convergentes des droites parallèles.
Hugo Münsterberg a repéré cette illusion vers 1890. Richard Gregory lui a donné ce nom en 1979. Un collaborateur avait observé ce curieux effet en 1973 dans les carreaux de faïence du mur extérieur d'un café de Bristol en Angleterre.
Cette illusion présente des colonnes de carreaux sombres et clairs légèrement décalées à chaque rang. L'illusion ne se produit pleinement que si une fine ligne de mortier, à peine visible et de teinte intermédiaire à celles des carreaux, sépare chaque rangée. Un effet de bordure répété est à l'origine de la distorsion. Quand un rectangle gris est bordé de part et d'autre par un fin trait, d'un côté plus clair, de l'autre plus foncé, sa position apparente se décale quand on intervertit les bordures. Cette disposition fait apparaître en pente les lignes pourtant horizontales.
Illusion du mur du café
- DIVISION DE L'ESPACE
Sur cette image nous percevons la partie allant de A jusqu'à B plus grande que celle allant de B à C. Cependant ce n'est pas le cas : la longueur AB est égale à la longueur BC. C'est le cerveau qui interprète qu'un espace divisé par de nombreux éléments est plus grand qu'un espace vide, d'où cette impression de différence de longueurs.
Illusion d'Oppel-Kundt
- COURBURE DES ARCS DE CERCLE
Les arcs de cercle courts paraissent moins courbés que les arcs de cercle longs. Portant les trois courbures sons identiques.
En fait, la courbure des arcs de cercles varie en fonction de leur longueur. Par conséquent, les arcs courts sont vus plus plats que les arcs longs.
- PERSPECTIVE
Si l'on regarde deux éléments de même taille mais que l'un est plus éloigné que l'autre par rapport à l'observateur, l'élément le plus éloigné est perçu plus grand que celui plus proche : c'est le principe de perspective.
Dans les illusions de Ponzo, les lignes les plus éloignées paraissent plus grande que celles en avant plan. En réalité, la longueur des segments est identique.
Illusion de Ponzo
Illusion de Ponzo
Illusion de Ponzo
Les traits rouges à l'avant-plan de gauche et de droite paraissent plus petits que le trait rouge du fond. Cette illusion est renforcée par le damier. Dans cette illusion de perspective, le cerveau interprète les lignes obliques comme des indicateurs de profondeur. Or, lorsque deux formes voire plus ont la même grandeur, celle paraissant la plus éloignée sera vue plus grande que l'autre.
Illusion à damier